Paris : un challenge pour Buzyn, un défi pour LREM

Maxime Lherbat
4 min readFeb 16, 2020

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Agnès Buzyn est désormais officiellement candidate LREM à la mairie de Paris. “J’y vais avec cœur, j’y vais pour gagner”, a-t-elle annoncé ce dimanche soir.

Crédits photo : Eric Feferberg (AFP)

La ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, a annoncé officiellement ce dimanche soir sa candidature à la mairie de Paris. Elle remplace ainsi en urgence le candidat de La République En Marche Benjamin Griveaux, qui a pris la décision de se retirer vendredi matin après la diffusion de vidéos compromettantes à son égard sur internet.

Elle ne cumulera pas la fonction de maire de Paris, si elle est élue, et celle de ministre, puisqu’elle a d’ores et déjà déclaré qu’elle quittait ses fonctions actuelles. “J’ai donc décidé de remettre ma démission au président de la République et au Premier ministre dès ce soir et je sais que ce ministère est préparé. Et ils sauront trouver un successeur qui évidemment prendra en main ces sujets d’importance”, a-t-elle fait savoir. Son successeur ? Olivier Véran, député LaREM de la 1ère circonscription de l’Isère (38) et neurologue de profession. Ancien membre du Parti Socialiste et ex-directeur de cabinet de Bertrand Delanoë quand ce dernier était maire de Paris (2001–2014), il a milité pour la suppression du Numerus-clausus pour les étudiants en médecine et est à l’origine de l’obligation d’afficher le Nutri-Score sur les publicités à visée alimentaire.

Agnès Buzyn, rien à perdre, tout à gagner ?

À la question “Serez-vous candidate aux municipales (de Paris) ?”, Agnès Buzyn avait pourtant été claire, au micro de franceinter il y a deux jours : “Je l’ai dit. Je ne pourrai pas être candidate aux municipales. Cette crise du coronavirus m’occupe énormément. J’avais dit à Benjamin Griveaux que je ne pourrai pas m’engager à ses côtés”. Comme quoi, en politique, entre les paroles et les actes, il n’y a souvent qu’un petit pas à faire pour changer d’avis.

Propulsée par Emmanuel Macron en première ligne après le retrait précipité de Benjamin Griveaux, Mme Buzyn va tout faire pour convaincre, rassembler et fédérer les Parisiennes et les Parisiens. Faire oublier l’affaire Griveaux ? Impossible, bien sûr. Relancer la campagne LaREM, qui patine depuis plusieurs semaines ? Pas si simple. Convaincre, avec un passé politique limité et une étiquette de “marcheuse” pas bien ancrée ? Jouable.

Marquée ni à gauche, ni à droite, elle peut espérer réunir le maximum de Parisiens de sensibilités différentes. Pour cela, elle pourrait ne pas nécessairement garder toutes les annonces de Benjamin Griveaux. Le déplacement de la Gare de l’Est, la création d’un Central Park, les 100 000 euros promis pour aider les habitants de la capitale à acheter un logement… Pas sûr que ces propositions survivent sous l’ère Buzyn. Mais pour soumettre de nouvelles idées, son équipe de campagne va devoir redoubler d’efforts et d’intensité car le temps presse. À un mois du premier tour seulement, il ne faudrait pas s’égarer au risque de déboussoler les électeurs assurés de voter pour le parti de la majorité.

Hidalgo-Dati-Buzyn, le nouveau match de la capitale

Anne Hidalgo (PS)- Nathalie Kosciusko-Morizet (LR), deux femmes au second tour de l’élection municipale parisienne en 2014, c’était une première. Six ans plus tard, elles ne seront pas deux, mais trois à prétendre à l’Hôtel de Ville. La maire sortante, Anne Hidalgo, tête de liste de “Paris en commun”, est leader dans les sondages, créditée à 23% d’après le dernier sondage Odoxa, publié le 27 janvier dernier. Suit Rachida Dati pour Les Républicains, avec 20% des intentions de vote, preuve en est que le duel droite-gauche n’est pas mort. Et donc Agnès Buzyn, nouvelle tête de liste LREM avec ”Paris ensemble”, qui va devoir, tant bien que mal, dépasser les 16% attribués à Benjamin Griveaux lors de cette dernière consultation, pour croire à une victoire de La République En Marche à Paris.

Un trio féminin qui pourrait un peu plus entériner les chances de victoire de Cédric Villani, le candidat dissident de LaREM, qui a confié avoir “beaucoup de respect et d’estime pour Agnès Buzyn”, tout en maintenant sans surprise sa candidature et appelant de nouveau “tous les Parisiennes et tous les Parisiens, qui souhaitent sincèrement une alternance de progrès à Paris, à venir [le] rejoindre”.

C’est donc un sacré challenge qui attend cette hématologue de 57 ans et un véritable défi pour son parti, alors que la ville lumière était promis à LaREM il y a plusieurs mois. Aujourd’hui, les ampoules ne sont pas tout à fait grillées mais la lampe peine à briller.

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Maxime Lherbat
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Written by Maxime Lherbat

22 ans. Étudiant en MBA DMB à l’EFAP. Journaliste en alternance au JDD. Diplômé en journalisme de l’EFJ et de l’ESJ Paris.

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